top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurRosula Blanc

Retour

Dernière mise à jour : 2 janv. 2019

Il pleut. Le vent chante autour de la ferme. Il fait sombre. J’ai rentré les yaks à l’écurie. Assise sur le canapé sous le grand avant-toit je contemple la pluie. Début après-midi vient la vétérinaire Konstanze Brunner qui pratique aussi l’acuponcture. Elle examine Julong et le traite avec de l’acuponcture. C’est la première fois que je vois faire de l’acuponcture sur un animal et l’approche de Konstanze me plait. Julong aussi l’accepte bien. Elle ne trouve pas de symptômes aigus qui contrindiqueraient notre poursuite du voyage. Alors nous nous préparons à repartir le vendredi. Il pleut encore et encore, mais la météo annonce une accalmie pour midi. Le propriétaire de la ferme revient de la chasse, il n’a rien tiré – trop de brouillard, trop de mauvais temps. Il nous invite à manger une pizza en attendant que la pluie se calme. Mais il pleut toujours quand nous partons vers une heure de l’après-midi. Julong est beaucoup plus souple dans le dos que les jours avant, mais j’observe une raideur maladroite dans l’épaule au départ. Est-ce que cela s’améliora avec le mouvement et l’échauffement ? Mes yeux ne quittent pas ses jambes pendant que nous montons la vallée de l’Unteralp. Il marche bien sur du terrain doux, mais trébuche dans les cailloux. Il essaie de se protéger d’une douleur en posant les paturons très droits, mais n’arrive pas à tenir la position… Depuis le début du voyage j’observe l’aplomb de ses jambes postérieures qui est trop arqué, ce qui fait que son poids repose sur le côté extérieur des onglons. Est-ce qu’il n’aurait pas distendu les tendons ? En essayant de se protéger de la douleur et du manque de stabilité il se bloque dans le dos, autour de l’épaule… La pluie s’arrête quand nous arrivons au fond du vallon. Nous montons le camp sous la cabane Vermighel. J’examine les jambes et les onglons de Julong. Chaleur ? Blessure ? Je ne trouve rien, mais en me baissant pour palper ses jambes c’est mon genou qui lâche, quelque chose fait « clic-clac » et le genou ne tient plus. Ce n’est pas vrai ! Comme si le problème de Julong se manifestait dans mon corps ! J’ai compris, mais j’aimerais bien que le genou revienne à sa place. Si quelque chose peut faire « clic-clac » pour sortir, cela devrait bien pouvoir faire « clic-clac » pour rentrer. J’essaie différents mouvements… avec une réussite limitée. Je ne retrouve pas un sentiment de vraie stabilité dans le genou et je boitille par là pour préparer le souper. Le matin je mets une genouillère. Encore une fois j’examine Julong. Toujours rien d'aigu détectable. Nous décidons de faire un dernier essai, de traverser le petit col Maighels, d’observer Julong dans la montée et la descente et de décider de l’autre côté si nous bifurquons à droite vers le Cadlimo pour continuer le voyage ou à gauche vers l’Oberalp pour rentrer à la maison. Les yaks partent vite ce matin, j’ai de la peine à suivre. Je boitille toujours. Les yaks ont envie de bouger après la pause de cinq jours à Andermatt. Le froid leur plait. Julong marche bien en montée et sur de l’herbe. Nous reprenons de l’espoir. Mais en descente et sur du dur il n’a pas le pied sur. Nous ne pouvons mener ce yak sur des chemins difficiles. C’est clair, il faut rentrer. C’est clair, mais c’est quand-même dur à faire le premier pas direction la maison. Tout en discutant nous faisons une longue pause à la bifurcation, dans la neige et le brouillard froid. Quand nous voulons partir à gauche vers l’Oberalp, les yaks refusent. Ils tournent à droite et prennent le chemin vers le Cadlimo. Nous restons là sidérées à les regarder disparaître dans le brouillard… Combien nous aimerions aussi prendre cette direction. Mais non, ce n’est pas raisonnable, c’est ruiner les jambes de Julong et de le mettre en danger dans du terrain difficile. Le cœur lourd nous allons les chercher et les tournons direction Oberalp. Le chemin est facile et la beauté du paysage nous console un peu. Nous campons sous la cabane Maighels et allons y boire un thé et nous réchauffer. Nous appelons André pour qu'il vienne nous chercher au col de l’Oberalp avec la bétaillère demain.

La nuit, le vent souffle et il neigeote, mais je dors bien dans mon sac de couchage épais. Le matin nous préparons les yaks pour les derniers kilomètres. Quand nous sommes prêts à partir nous voyons arriver un pick-up avec remorque sur la route de la cabane. André ! Comment a-t-il fait pour arriver si tôt ? Il nous raconte qu’il est parti du Valais le soir et a dormi dans la bétaillère secouée par la tempête au col de l’Oberalp. Ce matin, il est allé manger un bout de gâteau à l'auberge du col pour fêter son anniversaire et il est parti à notre recherche… Nous débâtons les yaks que nous venons de bâter et les chargeons dans la bétaillère. Doucement nous descendons vers le col de l’Oberalp et prenons la route du retour.

24 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Julong

Naulekh

L'art de mener une caravane

Une pause c’est le moment de faire une analyse rigoureuse. Ce n’est pas un échec de devoir faire une pause. Cela fait partie du voyage. Je sais que nous avons surmené les yaks. Que j’ai cédé à la logi

bottom of page