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  • Photo du rédacteurRosula Blanc

Promenade d’adieu

Dernière mise à jour : 11 oct. 2020

Ce matin, Michael est finalement venu pour enlever la cale de Tsarang. Mais le pied le long du tendon est bien enflé, ce n’est pas un bon présage. Nous partons l’après-midi faire une promenade pour voir si le pied de Tsarang peut s’améliorer en mouvement, voir s’il peut retrouver confiance en marchant un peu. Nous montons un petit chemin à flanc de coteau. Naulekh part devant avec beaucoup de plaisir tellement heureux de sortir de son petit enclos. Il hume l’air, observe le paysage, se gratte dans la terre. Tsarang suit lentement toujours en boitant, c’est difficile pour lui. Nous continuons doucement. Que c’est beau de retrouver la montagne, cette montagne d’automne vide et silencieuse. L’air est frais, la neige n’est pas loin, mais il y a un peu de soleil qui nous réchauffe. Que c’est beau de marcher avec les yaks - même lentement. Mais c’est clair que ce sera notre promenade d’adieu - la dernière promenade de ce voyage, car Tsarang ne pourra pas continuer ainsi. Nous nous arrêtons vers un petit plat pour faire une grande pause pour Tsarang avant de redescendre. Naulekh broute, Tsarang se couche pour se reposer. Pascale aimerait profiter de faire une pratique de Qigong, elle s’éloigne un peu pour trouver un endroit calme. Comme Pascale marche devant normalement, dès qu’elle s’éloigne, Naulekh veut la suivre. On sent qu’il a envie de continuer, qu’il n’a pas assez marché et qu’il ne veut pas louper la suite. Il insiste tellement que finalement Pascale doit revenir et faire sa pratique au milieu du plat bien visible, là seulement Naulekh se calme et recommence à brouter en sachant tout le troupeau présent. Quand il a assez mangé, il se couche à l’autre bout du plat, il me regarde et se relève aussitôt pour venir vers moi. Il se laisse caresser un moment et se couche à côté de moi, je me couche contre lui, mes bras autour du grand corps chaud de Naulekh. Mon grand Naulekh! C’est difficile d’arrêter le voyage pour nous deux. Il me semblait toujours que Naulekh rêvait de se voyage presque aussi fort que moi. Mon grand Naulekh, combien je t’adore. Combien je ressent de la gratitude pour ta présence, ton amitié et ta complicité. Nous restons ainsi l’un contre l’autre un long moment à somnoler au soleil. Que c’est beau ce moment. Ça me fait tellement de bien de retrouver cette présence toute proche avec mes yaks. Quelle belle fin de voyage - meme si cela fait pleurer. Tous les quatre, deux yaks, deux femmes, couchés paisiblement au soleil au milieu des montagnes. Encore une fois nous sommes un troupeau, nous sommes ensemble - c’est très fort et cela nous fait tous du bien. C’est difficile de se décider à redescendre. Ni yaks, ni humains en ont envie. Lentement nous rentrons vers le chalet d’alpage de Michael et le petit parc des yaks.

Encore une nuit. Demain nous rentrerons.






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