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Photo du rédacteurRosula Blanc

Les Foins

Dernière mise à jour : 28 août

La saison des foins est un des moments les plus intenses dans l’année.

Courage, endurance, dépassement de soi, sortir de sa zone de confort...

L’euphorie de sentir la puissance d’un corps bien entrainé, d'être en mouvement…

Faire partie de la fourmilière de paysans qui s’agitent dans tous les sens, des tracteurs qui se croisent, en montant et descendant, en partant vides et rentrant bien chargés…

Sortir du cercle de la Giette pour aller travailler sur des parcelles éparpillés dans toute la commune, beaucoup d'entre elles de l'autre côté de la vallée...

Et le danger. La pression émotionnelle et physique. Les douleurs. L’incertitude de la météo et de ne pas savoir s’il y aura assez d’aide de pré en pré pour s’en sortir.


Faucher au Zorass. Photo par Carina Roth


Il y a des moments solitaires à faucher tôt le matin ou à rentrer seule avec le transporteur chargé de foin à la tombée de la nuit, des moments méditatifs à tourner le foin dans le silence; et il y a le travail d'équipe sur les grands prés, des moments joyeux quand le foin glisse sur une grande bâche, des moments agités quand on se dépèche à finir avant qu'éclate l'orage: et des moments assommés par le soleil et la chaleur, des moments fatigués, épuisés....


Le pré "Kinshofer", nommé ainsi par André d'après la fameuse pente au Nanga Parbat parce qu'il est tellemnt raide qu'on y tient à peine debout. Photo par Raymond Zurschmitten


Cette année, la saison a commencé mouillée, pluvieuse. Depuis le mois d’avril il a plu presque tous les jours et début juillet il faisait toujours un temps froid et humide. Les sols étaient détrempés et l'herbe bien verte et dense et plein de fleurs. On se posait la question comment on allait faire. Je me questionnais aussi comment j’allais faire avec la bursite au coude qui m’handicapais depuis quelques mois. Le docteur m’avait dit que, pour guérir, il fallait immobiliser le bras… J’avais essayé de le protéger un maximum pendant le printemps, sans grande amélioration, mais comment faire les foins sans utiliser les bras? J’ai commencé avec des tout petit bouts de pré entre deux pluies pour essayer. Je me suis rendu compte qu’à un angle fixe, le bras pouvait porter et travailler, que c’étaient les rotations et les mouvements soudains qui faisaient mal. Sans chocs, sans mouvements brusques cela allait. J’étais presque contente de la pluie qui me donnait encore un peu de temps pour me préparer.


Tourner au rateau. Photo par Raymond Zurschmitten


Et tout à coup, à la mi-juillet, le beau temps était là. De pré en pré le travail s’est enchainé, un grand marathon de dix-sept jours de suite sans pause. J’ai pu héberger des aides dans ma nouvelle chambre d’amis. Rentrés du travail, nous cuisinions ensemble le soir et passions un moment sur la terrasse à discuter jusqu’à ce que la fraîcheur de la nuit nous chasse à l’intérieur.


Descendre le foin sur une bâche. Photo par Raymond Zurschmitten


Déplacer le foin. Photo par Raymond Zurschmitten


Pousser le foin déplacé dans l'autochargeuse. Photo par Raymond Zurschmitten


Ramener le foin à la maison avec le transporteur. Photo par Raymond Zurschmitten


Les foins ce sont de longues journées au soleil et dans les pentes. Des travaux absurdes comme porter tout le foin d’un champ de l’autre côté du ruisseau pour pouvoir le ramasser avec l'autochargeuse. Mais c'est aussi la joie des rencontres, des échanges et des rires partagés.



Descendre le foin du pré "Kinshofer"...



Il y a des moments exhubérant, des moments de jeu et de rigolades,  comme ici quand nous nous nous sommes raffraichis sous la cascade de La Sage. "Qui ose y aller?" Quand on fait un travail aussi fou que de porter le foin d'un pré entier de l'autre côté du torrent, il faut bien finir la journée en rigolant, sinon la vie serait trop morose !

Photos par Raymond Zurschmitten


Merci à Nathalie, Françoise, Valérie et Pierre Henri, Linda et Bernard. Marcus, Raymond, la famille Loerincick, Carina, Christiane S, Christiane N, Eugénie, Christiane B et Stéphane. Abraham, Jean Marc, Philippe, Nicolas, Caroline, Claire et Alain pour leur aide et soutien et les beaux moments passés ensemble. J’apprécie votre présence et le partage!


Au Zorass, photo par Claire Ponthenier


J’ai été très touchée par mes équipes à Barma Blantze et au Zorass qui m’ont tellement bien accompagné et soutenu quand je conduisais le transporteur dans ces pentes raides, difficiles et dangereuses. Que cela a fait du bien à mon coeur!


Le transporteur au Mayen Derri, photo par Christiane Sanchez


Au fur et a mesure des jours le corps s’entraine, il est puissant et épuisé en même temps.

Etonnamment, la bursite a disparu au fil du travail. Des douleurs articulaires, des douleurs de la nuque et du fond du dos sont apparus.

Mais malgré tout j’ai réussi !

Nous avons réussi !

Les granges sont pleines.

L'hiver des yaks est assuré !


Le souffleur, photo par Raymond Zurschmitten qui prépare un livre sur les paysans de montagne


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