Attendre - il neigeotte de nouveau, le brouillard se promène dans le vallon. Attendre - on se perd dans ce vide hors du temps. Attendre - que le pied de Tsarang se rétablisse. Attendre - que la météo s’ameliore. Attendre - de savoir ce qu’on pourrait faire pour donner un coup de main à Michael. Attendre - que Michael trouve un moment pour m’aider à enlever la cale sous l’onglon de Tsarang. J’attend depuis trois jour pour enlever cette cale, mais Michael ne trouve pas le temps, il est débordé. Il n’arrive jamais à dire quand il montera à l’alpage, donc nous ne pouvons nous éloigner, nous attendons. Attendons d’être utiles et attendons de recevoir un coup de main. Hier nous avons accompagné les vaches vers la vallée, nous avons rangé un réduit et scié du bois, nous avons cassé les bouses de vaches sur les prés ... des gouttes d’eau dans l’océan de travail dans lequel Michael se noie, mais il n’arrive pas à déléguer.
Au début j’ai apprécié le silence de l’alpage, ce moment hors du temps, mais doucement cela commence à me peser. Il faudra prendre une décision pour Tsarang, pour la continuation du voyage, pour le projet. Pour cela j’aimerais voir Tsarang marcher sans la cale. Et pour enlever la cale j’ai besoin de Michael - impossible de le faire seule et il n’y a personne d’autre compétent dans les environs. Donc j’attends...
Je suis rentrée en Suisse avec le team télé la semaine dernière et j’ai ramener ma voiture et ma bétaillère a Sölden pour être plus mobile et plus indépendante pour la suite. Mais même avec la voiture, nous ne sommes pas indépendantes ici à l’alpage. Nous pouvons sortir, mais plus revenir, car il y a une barrière au départ du vallon et pour franchir la barrière il faut le batch de Michael... où il faut laisser la voiture et monter une heure et demi à pied... finalement pas beaucoup de liberté en plus, mais encore une dépendance de Michael, encore un truc où nous lui causons du travail en plus.
Étant ici en attente, j’aurais eu envie d’explorer le col du Timmelsjoch et de faire un tour en voiture en Italie jusqu’à Merano de l’autre côté de la montagne. C’est tellement rare d’avoir des vacances quand on est sur une ferme et je suis assez sûre que je n’y reviendrai pas à un autre moment. Mais comme le programme de Michael n’est jamais clair et que le bien-être de Tsarang a priorité sur tout, les jours passent en attendant....
Je sens que la déception, la tristesse n’est pas loin - comme un fleuve souterrain, pas visible, mais présent malgré tout. Neuf ans de rêver de ce voyage, deux ans de le préparer, tellement d’effort à le réaliser et nous voici ici en attente....
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