Trek de l'inalp raconté par Marouan
- Rosula Blanc
- 26 juin
- 3 min de lecture



Le trek de l’Inalp est une échappée au cœur d’une vallée sauvage, préservée du tumulte du monde. On y chemine entre torrents impétueux, prairies fleuries, forêts profondes et sentiers oubliés. Même le temps semble s’effacer, comme suspendu. Seul demeure le rythme paisible des yaks


Les forêts. Elles sont pour nous un abri, un refuge à l’écart du monde. On s’y égare parfois, mais souvent on s’y retrouve. Elles nous apaisent, et nous redonnent cette énergie que l’on croyait perdue. Les yaks, eux, y évoluent avec la même aisance que dans les alpages à découvert. On suit le sentier, et soudain, entre deux fleurs, une corne apparaît, un bagage, une touffe de poils. Sans bruits ils avancent, attentifs, faisant quelques pauses pour lire le terrain. Et nous, comme eux, nous apprenons à marcher lentement, à écouter les craquements du sol, le chant des oiseaux, et les signes discrets de ce qui nous entoure et auxquels la plupart des gens ne font plus attention.





L’eau. Un trésor pour les yaks et pour nous. Les torrents qu’ils croisent en chemin sont pour eux des haltes précieuses. C’est l’occasion pour eux de se rafraichir, de s’abreuver ou simplement de reprendre leur souffle. Et nous aussi, nous saisissons ces occasions pour plonger nos pieds dans l’eau, afin de nous rafraichir. A la fin de la journée, quand le lac se dévoile enfin, les bagages déposés, ils s’y plongent sans attendre. Et nous aussi, une fois le poids de la journée déposé, nous y plongeons pour nous rafraichir et peut être aussi pour nous ressourcer.


Le sauvage. Un retour à l’essentiel, sans clôtures ni murs. Un monde ouvert, traversé par un souffle ancien. Celui que portent les yaks dans leur lente avancée. Ils suivent leur chemin, indifférents aux frontières imposées par l’Homme. Leurs pas évoluent au rythme de la nature. Avec eux, on entre dans un autre temps : plus lent, plus vaste, plus vrai. Portés par leur cadence, nous ralentissons, nous écoutons. Le sauvage, qu’on croyait lointain, est là, tout autour de nous. Mais souvent, aveuglés par le rythme imposé par la société, nous ne le voyons plus. Les yaks ne nous le montrent pas vraiment. Ils n’expliquent rien non plus, mais en marchant à leurs côtés, on le retrouve. Le monde redevient riche, surprenant, et seul le moment présent compte à nouveau. Alors on se sent redevenir vivant.


Le temps. Avec les yaks, impossible de se presser. Ils ignorent nos horloges, nos urgences, nos minutes comptées. Si l’on veut avancer avec eux, il faut s’ajuster, ralentir, et avancer à un autre rythme. Celui d’une caravane en marche. Celui des torrents à franchir, des lacets à gravir, de la forêt à traverser. Celui des pauses sous la pluie, des veillées autour du feu. Un temps simple, fluide, sans pression. Et peu à peu, plus rien d’autre ne compte. Le temps cesse d’être une course. Il devient comme un compagnon discret, que l’on oublie. C’est peut-être ça la liberté. S’éloigner des contraintes que la société nous impose. À force de marcher ensemble, un lien se tisse entre les yaks et nous. Un lien silencieux, mais profond. Les jours passent. Doucement. Et quand vient le moment de se séparer, il nous prend par surprise. Il faut les laisser repartir, les rendre à leur liberté. Pendant que nous quittons la bulle qu’ils nous avaient offerte, on se rend compte qu’ils nous ont appris à habiter le présent. Alors oui, ils nous manquent.

Le trek de l’Inalp c’est une aventure pour se reconnecter à soi à travers l’eau, la terre, le sauvage et le temps.
Texte et Photos par Marouan Abu Nijmeh
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