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  • Photo du rédacteurRosula Blanc

Réflexions entre paysanne et exploratrice...

Ce matin Raymond Zurschmitten qui prépare un livre sur les paysans de montagne a fait une interview avec moi. Nous avons parlé de la ferme, les difficultés et les joies d’être paysanne de montagne, mais aussi des visions du futur, de la continuation de la ferme, de la transmission.


« Tu ressemble à tes yaks, me dit-il, tu es nomade dans l’âme comme eux. Tu as besoin d’avancer. Tu viens de m’expliquer que les yaks ne veulent pas tourner en rond dans un paddock, que cela ne fait pas de sens pour eux, qu’ils sont seulement motivés à marcher si ils peuvent se déplacer de A à B à C à D… Et si j’ai bien compris, toi non plus, tu n’aime pas répéter le connu et vivre dans la routine, tu as besoin d’évoluer de projet en projet. »


Oui je suis paysanne de montagne et éleveuse de yaks, j’ai une petite ferme, de la terre et un troupeau, je fais les foins pour nourrir mes yaks en hiver. Le travail ne me fait pas peur. J’adore mon chalet et mon petit coin de terre dans la montagne. J’y suis bien. Mais j’ai besoin de bouger, d’évoluer, d’apprendre, de découvrir, de grandir, de voir de nouveaux horizons, de continuer à marcher... Je ne suis pas faite pour une vie répétitive, je suis une pionnière, une ouvreuse de chemins... L'essence de mon travail, et ce qui me distingue des autres éleveurs de yaks, ce sont mes expéditions avec les yaks. Ces voyages au long court qui permettent une immersion dans la montagne et le rythme des yaks. Cela prend des jours, voir des semaines pour que les pensées ralentissent, le regard change, les perceptions s’accentuent et le lien se tisse. Il faut ralentir, se rapprocher de l’être, lâcher… C’est dans la durée que se manifeste un changement, qu’on commence à lâcher nos préoccupations de notre vie habituelle encastrée dans la société moderne, dictée par ce qu’on imagine être nos devoirs, nos engagements, nos relations, notre histoire, nos convictions et croyances….

Les expéditions avec les yaks me passionnent, me font vibrer, me font rêver et me tiennent à coeur.


J’ai un côté terrien et un côté nomade. Cela a l’air d’être difficilement compatible, être paysanne liée à la terre et aventurière-nomade en même temps. Mais l’un comme l’autre, est une recherche d’une vie proche des animaux, de la nature et de la montagne, d’une vie au rythme des saisons, d’une vie simple, respectueuse, responsable, durable…


Tout voyageur doit se poser de temps en temps. Le voyage et l’enracinement sont deux faces qui se nourrissent. C’est beau d’avoir un lieu pour revenir. Après avoir caressé du regard les paysages et s’être nourrie de la diversité des lieux et des façons de vivre, après avoir été dans la légèreté du passage, revenir s’occuper en toute modestie d’un petit coin de terre, en être la gardienne passagère. Co-céer avec la nature, avoir des racines, un chez moi, un coin de terre que je connais par coeur…


Mais sans partenaire ou famille proche qui prend le relais pendant mon absence, c’est un voyage en soi de créer une communauté et le soutien nécessaire qui assure la garde, le bien-être et la sécurité des animaux qui restent. C’est imaginer de nouveaux modèles de fonctionnement et les offir au monde. Et voir ce qui revient. Ce que nous pouvons co-créer...


Je m’imagine pouvoir ouvrir mon chalet et mon coin de terre à des personnes qui recherchent l’aspect d’une vie immergée dans la montagne et entourée par des animaux pour quelques semaines ou quelques mois pendant mes itinérances nomades. Des personnes qui rêvent d’avoir cette expérience, ce vécu, comme moi je rêve d’expéditions. Qui cherchent à intégrer cette essence dans le puzzle de leur vie. Nos pièces de puzzle devraient pouvoir  se compléter. Je recherche des échanges qui sont « win-win » pour tous. Sinon cela devient difficile à porter.


Il y a quelques semaines, je discutais avec Antonin, artisan nomade, qui a habité une semaine chez moi pour refaire ma terrasse. J'aime beaucoup son concept "d'artisan nomade" d'aller travailler ailleurs pour quelques jours ou quelques semaines et ainsi faire des rencontres, créer des liens, découvrir des lieux et s'immerger dans d'autres vies. Il disait que cela lui plairait d'avoir un chalet en Valais. En approfondissant le sujet nous nous sommes dit que ce n’était pas nécessaire de toujours acheter (un chalet, une maison) pour pouvoir vivre l’expérience - de la montagne par exemple - car cela apporte aussi beaucoup de contraintes. Que ce serait un beau concept de gardienner ou partager une maison en participant à sa vie, de pouvoir y être pour quelques jours / semaines / mois pour vivre cette expérience d’immersion dans un ailleurs inconnu qui nous attire. Parce que souvent ce n’est pas le bien, mais l’expérience que nous recherchons. Ces bouts de puzzle qui nous manquent, qui nous attirent, que nous imaginons et désirons pour approfondir notre vécu, nos expériences du monde, nos connaissances…


Immédiatement, m’est venu l’image d’une maison au bord de la mer sur une île sauvage - ah oui, combien j’aimerais vivre l’expérience de la mer dans toutes ses couleurs et humeurs pour quelques semaines ou mois. Ou garder un ranch dans le désert… Je suis partante!


Il y a sûrement une plus grande communauté d’artistes ou artisans nomades, de personnes avec une âme d’aventuriers avec lesquels échanger et co-créer…


Une part de moi est paysanne. Une autre, est aventurière. Et encore une autre est l'artiste et auteure qui cueille des histoires quand elles sont mûres, les guette quand elles sont éphémères, les chasse dans les sous-bois de l’imaginaire quand elles sont fugaces, les reçoit quand elles se présentent, les rassemble, les imagine, les dessine… et les partage.


Donc ici je vous propose le début d'une nouvelle histoire!

Contactez moi si vous avez envie d'y participer!



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