Nous avons vécu un mois de septembre intense à la Giette qui a été marqué par les moments passés avec Tsarang en convalescence et la recherche d’un nouveau projet de trek pour le mois d’octobre.
Après l’accident de Tsarang, j’ai décidé de reporter le projet de la traversée des Alpes Autrichiennes "Going East" sur une autre année comme il me semblait dommage de pouvoir faire que la moitié du trajet – aussi le transport des yaks est très long jusqu’en Autriche, surtout s’il faudrait commencer le trek beaucoup plus à l’est pour éviter l’arrivée de l’hiver dans le massif central. Je me suis tourné vers l’Italie et la partie piémontaise de la « Grande Traversata delle Alpi » qui descends depuis le Grand Paradis le long de la frontière française jusqu’à la mer. C’est une région sauvage et peu peuplée – idéal pour un trek avec les yaks. Étonnamment, avec la préparation (vaccins des yaks) que nous avions fait pour l’Autriche cela semblait possible administrativement et je me suis donc plongée dans les cartes et les préparations logistiques Mais plus que la date de départ approchait les choses se sont compliquées, les vétérinaires Suisses qui n’y voyaient pas de problème au début, ont tout à coup découvert pleins d’obstacles… Et du côté italien aussi, il me semblait que la personne en charge n’avait pas envie de dire non, mais n’osait pas dire oui non-plus. Chaque fois que je croyais avoir trouvé la solution à un problème, une autre chose est apparue – cela passait du oui au non au oui au non… Continuellement la vie me demandait de trouver l' équilibre délicat entre lâcher prise et tenir le cap en même temps. Tout le monde me demandait quand j’allais partir et ou j’irais et tout ce que je pouvais répondre c’est que je ne savais pas, que les bagages étaient prêts, mais la destination ouverte. Et finalement hier, c’était la goutte de trop, le paroxysme de l’absurdité des conditions à remplir – et la décision est tombée : j’abandonne l’idée de l’Italie pour cette année et je reste en Suisse !
Mais malgré l’incertitude et le constant bain de chaud-froid, cela a été un mois riche. Léna qui devait faire la première partie du voyage en Autriche avec moi est venue à la Giette et ensemble nous avons commencé de faire des exercices journaliers pour que Tsarang retrouve confiance dans le toucher et d’être bâté et attaché. La semaine dernière nous sommes partis cinq jours dans le vallon d’Arolla avec Tsarang et Naulekh pour que Tsarang puisse retrouver les grandes espaces et les routines du trek. C’était une météo splendide et nous avons passées de très beaux moments avec les deux yaks en montagne. Et j’ai pu constater qu’en effet, ces deux yaks sont un magnifique et puissant team. Nous avons aussi pu tester le nouveau système de bagages que j'ai élaboré pour les yaks et tester d’autre matériel et faire des améliorations en rentrant.
Cette année semble être une année d’essais et d’apprentissages, une année de recherche et de collecte d’informations qui m’a permis de nouer pleins de contacts, d’identifier et étudier deux parcours à travers les Alpes qui semblent être intéressants pour une expédition avec des yaks pour le futur et d’apprendre plus sur les lois sanitaires, les conditions à remplir pour traverser les frontières avec des bovins et avoir les contacts des vétérinaires officiels…
Si je reporte le projet d’une grande traversée des Alpes à l’année prochaine, ce sera pour pouvoir l’approcher beaucoup mieux préparée et informée. Entre temps - si la météo le permet - j'aimerais bien aller me promener encore un peu en Suisse avec mes yaks cet automne.
Donc, demain je pars pour le Tours de Muverans, seule avec Naulekh – depuis longtemps je voulais faire un trek seule avec Naulekh et voir comment cela se passait pour nous deux : voici le moment venu d’y aller. J’y vais avec aucun but à remplir si ce n’est que de passer du temps avec Naulekh en montagne, d’oublier l’ordinateur et l’organisation et juste d’être : moi, Naulekh et la montagne!
Comments